Au cours des 12 derniers mois, 218 chrétiens ont été arrêtés en raison de leur foi, subissant une nouvelle campagne de persécution de la part du pouvoir érythréen. Dans ce pays, les chrétiens non reconnus par le gouvernement subissent une forte répression depuis plus de 20 ans.
Ghirmay Araya est décédé mi-mai 2024 dans une prison en Érythrée. Ce pasteur était incarcéré depuis 2021 pour une raison indéterminée et sans procès dans une prison de haute sécurité. Âgé d’un peu plus de 70 ans, il souffrait de diabète et d’autres symptômes liés à une longue incarcération et à de la torture.
Le sort malheureux de Ghirmay Araya est une réalité pour plus de 400 chrétiens arrêtés sans raison et sans espoir de libération. Les enfants sont parfois envoyés en prison avec leurs parents.
Au cours des 12 derniers mois, selon l’ONG Release International, ils ont été 218 à être incarcérés. "La plupart ont été enlevés à leur domicile - certains à 3 heures du matin", a souligné Berhane Asmelash, ancien prisonnier chrétien.
L'Érythrée, située dans la corne de l'Afrique, est présidé depuis son indépendance en 1993 par Isaias Afwerki. À 78 ans, il est considéré comme le "Kin-Jong Un africain" et dirige son pays d’une main de fer.
En 2002, le régime a fermé toutes les églises autres que catholique, orthodoxe et luthérienne, qui n’avaient pas renouvelé leur agrément en 1997. Depuis lors, il a mené de nombreuses campagnes de persécutions contre les chrétiens qui appartiennent aux congrégations qui ne sont pas officiellement reconnus.
Certains dirigeants de ces églises chrétiennes sont derrière les barreaux depuis plus de 20 ans explique l’ONG Portes Ouvertes. Certains sont détenus dans des conditions extrêmes, par exemple dans des conteneurs d'expédition en acier sous la chaleur accablante du désert. Beaucoup ont été torturés et plusieurs sont morts de mauvais traitements et de maladies non soignées.
Amnesty International dans son rapport de 2007 dénonçait déjà des persécutions religieuses contre les chrétiens :
"En Érythrée, des membres d'Églises évangéliques minoritaires étaient incarcérés en raison de leurs convictions religieuses."
L’ONG recensait plus de 2 000 membres d'Églises évangéliques minoritaires, dont une vingtaine de pasteurs, maintenus en détention dans des conditions très difficiles, parmi lesquels se trouvaient des femmes et des enfants.
L’organisation Release International fait campagne depuis de nombreuses années pour que l'Érythrée accorde la pleine liberté de culte à tous ses citoyens ainsi que pour la libération de tous les chrétiens enfermés dans ses prisons.
Les chrétiens représenteraient environ 40% de la population érythréenne qui est à majorité musulmane. Selon le dernier classement de l’ONG Portes Ouvertes, l’Érythrée se place en 4e place des pays les plus répressifs à l'égard des chrétiens et la liberté religieuse.
Jean-Benoît Harel